Giovanni Guida, le jeune peintre italien qui fait dialoguer l'art avec la foi

Par  Antonia Barot

Publié le 02/05/2024 à 19h01

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Giovanni Guida, le jeune peintre italien qui fait dialoguer l'art avec la foi
© Giovanni Guida

Giovanni Guida tenant dans ses mains une œuvre inspirée de l'ex-voto dédié à sainte Rita par Yves Klein.

À 32 ans, le peintre Giovanni Guida mène une quête à la fois artistique et spirituelle.

"Je crois que l'art permet de sublimer et d'élever sa spiritualité", affirme Giovanni Guida. L'artiste italien qui peint depuis son enfance est aujourd'hui reconnu pour ses tableaux faisant appel à la technique picturale du grattage et ses références à l'iconographie chrétienne. Une source d'inspiration vers laquelle il s'est dirigé spontanément. "J'ai grandi dans une famille chrétienne et j'ai servi comme enfant de chœur", explique-t-il. À 32 ans, Giovanni Guida confie volontiers se passionner pour l'hagiographie, l'étude de la vie des saints. Il est d'ailleurs expert du culte de Saint Césaire de Terracine. En 2016, il donne une représentation de ce prêtre et diacre africain. Son œuvre Caesarius Diaconus est exposée dans des musées, cathédrales et basiliques du monde entier, dont la cathédrale d'Essen en Allemagne, l'abbaye de Glastonbury en Angleterre… ou encore le musée Terra Sancta à Jérusalem.

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© Giovanni Guida

Caesarius Diaconus, 2016.

Giovanni Guida nourrit sa réflexion sur l'art dans la lecture des textes de penseurs chrétiens tels qu'Augustin d'Hippone, Thomas d'Aquin et Bernard de Clairvaux. Selon lui, la peinture va au-delà de la simple expression visuelle, elle est le moyen de sonder le mystère de la création. "Les enseignements religieux me guident dans ma quête de dialogue avec l'Absolu". Chaque coup de pinceau est une tentative de donner forme à l'invisible.

Yves Klein et Max Ersnt, deux sources d'inspiration

Lorsqu'il s'agit de travailler dans le dur de la peinture, il convoque deux maîtres: le peintre américain surréaliste Max Ernst et l'artiste français du nouveau réalisme Yves Klein. Il emprunte au premier sa technique du grattage. Ce geste, qui génère une empreinte dans la couche de la peinture, a une place centrale dans le travail de Giovanni Guida. Dans son huile sur toile Apothéose, l'artiste vient strier la peinture encore fraîche pour en dévoiler la couche inférieure. Cela lui permet de faire apparaître des paysages figuratifs comme des formes abstraites. "J'ai besoin d'aller dans la profondeur de l'image créée" révèle Giovanni Guida. "Les couches de couleurs juxtaposées au fil du processus de peinture ressurgissent, le geste s'apparente à celui de la restauration, comme si je leur redonnais leur ancienne splendeur" poursuit-il.

Giovanni Guida, le jeune peintre italien qui fait dialoguer l'art avec la foi
© Giovanni Guida

Apothéose, 2014, huile sur toile.


Chez Yves Klein, c'est également la couleur qui le fascine, en particulier son utilisation du bleu, connu sous le nom de Bleu Klein. Giovanni Guida a, lui aussi, trouvé sa signature en utilisant dans ses toiles une teinte de bleu très claire, obtenue à partir de la pierre naturelle du lapis-lazuli. "Ce bleu éclatant est porteur d'une force divine qui transcende l'humain", explique le peintre. L'artiste n'est pas le premier à se servir du lapis-lazuli ; ce pigment noble a été utilisé par Michel Ange pour peindre le plafond de la chapelle Sixtine.

La découverte des œuvres de Max Ernst et Yves Klein a joué un rôle majeur dans le développement de l'identité artistique de Giovanni Guida. Une pièce en particulier a profondément marqué son esprit: l'ex-voto dédié à sainte Rita par Yves Klein. "Ce travail m'a fait réaliser la puissance de la foi dans la création artistique", partage-t-il en évoquant ce petit coffret contenant une prière à la sainte patronne des causes désespérées.

Giovanni Guida, le jeune peintre italien qui fait dialoguer l'art avec la foi
© Giovanni Guida

Transparents, 2014.

Une autre œuvre l'a bouleversé, plus tôt, pendant son adolescence. Au collège, lors d'une visite au musée national de Capodimonte à Naples, il est captivé par La Crucifixion de Masaccio, un peintre italien de la Renaissance. "Mon professeur de dessin m'a exhorté à m'agenouiller pour contempler le tableau du point de vue de la figure du Christ, qui a la tête complètement enfouie dans les épaules, comme abandonnée à la mort", se souvient-il. Cet instant fondateur, fait prendre conscience au jeune garçon de l'incorruptibilité de l'art. Accompagné de cette certitude, Giovanni Guida entre au lycée public d'art d'Aversa dans la province de Caserte en 2006 avant de rejoindre l'Académie des Beaux-arts de Naples en 2011. Il y découvre la technique du grattage. Diplômé avec mention en 2018, il rédige une thèse sur son icône Césaire de Terracine.

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© Giovanni Guida

Say yes to heaven, 2023.

Aujourd'hui, il transmet son savoir-faire en enseignant la peinture au lycée Don Jean Bosco à Rome, alternant entre ses cours dans la ville éternelle et son atelier personnel à Cesa. Ce village, niché au cœur de la région viticole de Campanie, offre un spectacle saisissant où se côtoient vignes et peupliers centenaires. Dans ce cadre, loin du "système de l'art contemporain" qu'il juge trop stéréotypé, Giovanni Guida prend le temps de méditer ses œuvres.

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