Cinéma. « Frères », « Petites mains », « Un p'tit truc en plus »... Notre avis sur les films en salles

Catherine Escrive

Par  Catherine Escrive

Publié le 01/05/2024 à 07h31

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La force des fragiles
© VINCENT FERNANDEL

Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous

Cette semaine, trois films émouvants mettent en scène des héros qui transforment leurs vulnérabilités en atouts.
La force des fragiles

Amour fraternel

Frères, d'Olivier Casas, drame, 1h46. En salles.

Dans cette fiction inspirée d'une histoire vraie, le réalisateur Olivier Casas met en scène le parcours de Michel et Patrice. À 5 et 7 ans, ils furent abandonnés par leur mère à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. La trajectoire de ces deux héros fait écho à celle de milliers d'enfants perdus qui, dans une Europe dévastée par le conflit, furent livrés à eux-mêmes. C'est dans une épaisse forêt, située près de La Rochelle, qu'ils survivront pendant sept ans, tissant un indestructible lien d'amour. Le réalisateur a choisi de nous plonger dans deux époques: celle de l'enfance dans la forêt (évoquée par flash-back) et celle de l'âge d'homme, où les deux héros quadragénaires revisitent leur lien à la faveur d'un séjour au Canada. Réunis à l'écran pour la première fois, Yvan Attal et Mathieu Kassovitz forment un duo d'acteurs d'une rare intensité. À travers leurs secrets et leurs silen ces, Olivier Casas porte à l'écran une relation fraternelle d'une force inouïe. Tourné au Canada, dans le Périgord vert et dans les Vosges, le film est habité par la beauté d'une nature sauvage et salvatrice.

Notre avis: PPP

La force des fragiles

Militantisme radieux

Petites mains, de Nessim Chikhaoui, comédie sociale, 1h27. En salles.

À peine sortie d'un foyer de l'Aide sociale à l'enfance, Eva débute comme femme de chambre dans un palace parisien. Aux côtés de ses collègues précaires, elle expérimente la dureté d'un métier de l'ombre où les corps sont usés et les cœurs malmenés par d'intransigeants managers. Lors d'un mouvement social au sein du palace, Eva découvrira la solidarité entre travailleuses et s'engagera dans la lutte syndicale.

Inspirée de différentes grèves menées au sein de grands hôtels parisiens en 2018 et 2021, cette fiction évoque avec réalisme les conditions de travail de ces petites mains dont le salaire est parfois dix fois inférieur au prix d'une chambre pour une nuit.

Évitant le piège du misérabilisme, le réalisateur Nessim Chikhaoui (Les Tuche, Placés) nous offre un deuxième film choral porté par la force joyeuse de Safietou, Aissata, Violette et Simone. Solaires, ces héroïnes puisent leur énergie dans l'action collective et sont capables d'imaginer, ensemble, un avenir meilleur.

Notre avis: PP

La force des fragiles

Joyeuses différences

Un p'tit truc en plus, d'Artus, comédie, 1h39. En salles.

Lorsque Paulo (Artus) et La Fraise (Clovis Cornillac), deux braqueurs en cavale, se cachent dans un centre de vacances accueillant des jeunes porteurs de handicap mental, cela donne une comédie aussi touchante que déjantée. Le réalisateur Artus, qui a créé le fameux personnage de Sylvain sur les réseaux sociaux, travaille depuis longtemps la question de la différence dans ses spectacles.

Pour son premier long-métrage, il a tenu à faire tourner onze acteurs en situation de handicap mental. Tous relèvent le défi avec talent, malice et impertinence. Autour d'un repas, dans une forêt ou sur un canoë, les histoires d'amitié et d'amour se nouent à un rythme effréné et la frontière se brouille entre les personnes dites "normales" et celles qui sont "différentes". Un film réjouissant.

Notre avis: PP

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