Notre-Dame de Paris : une occasion unique de voir à hauteur d’œil les «Mays», ces gigantesques tableaux de la cathédrale

Sophie Laurant

Par  Sophie Laurant

Publié le 30/04/2024 à 11h06
Mise à jour le 02/05/2024 à 12h05

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Mays de Notre-Dame de Paris
© Stéphane Compoint pour Le Pèlerin

Avant l'incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019, 13 Mays se trouvaient dans la cathédrale. Leur disposition dans l'exposition évoque leur accrochage originel.

Les fameux «Mays», ces œuvres gigantesques qui font partie du décor de Notre-Dame de Paris reviennent tout juste des mains des restaurateurs. Elles sont visibles jusqu’à fin juillet à la galerie des Gobelins, à Paris, avant d’être raccrochées, à l’automne, dans la cathédrale.

C'est le bon côté des restaurations liées à l'incendie de Notre-Dame de Paris: elles suscitent des expositions qui permettent d'admirer au plus près sa parure. Après le trésor, exposé au Louvre jusqu'en janvier dernier, les statues des apôtres de la flèche, toujours visibles à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine, voici les Mays, ces tableaux de l'époque classique qu'il faut courir voir à la galerie du Mobilier national, aux Gobelins, à Paris.

Dès l'entrée, on est saisi par ces immenses toiles, offertes à la cathédrale. La descente du Saint-Esprit de Jacques Blanchard à la composition originale, la Conversion de saint Paul de Laurent de La Hyre aux couleurs éclatantes, ou encore la spectaculaire Lapidation de saint Étienne de Charles Le Brun… sont exposées de plain-pied. «Chaque mois de mai, de 1630 à 1707, la confrérie des orfèvres offrit ainsi une œuvre commandée à un grand peintre de l'époque, illustrant une scène des Actes des Apôtres», raconte l'un des commissaires de l'exposition Emmanuel Pénicaut.

Dans ce grand mouvement de renouveau spirituel du XVIIe siècle et face au protestantisme, l’Église affirme par ces scènes «son lien avec l’Église primitive, et son lien avec Rome. En outre, ces peintures ont un rôle catéchétique», poursuit le directeur des collections du Mobilier national qui montre comment, dans la Conversion de saint Paul, le peintre a ajouté une figure du Christ surgissant des nuées, par rapport à son «modelo», un petit tableau présenté à côté, et qui était destiné à montrer le projet aux chanoines de Notre-Dame. Sans doute y a-t-il eu discussion et volonté de rendre l'image plus explicite aux fidèles par cet ajout… Aujourd'hui, des cartels, volontairement très pédagogiques, résument la scène représentée à ceux qui ne sont pas familiers de l'histoire Sainte.

En tout, soixante-seize tableaux furent ainsi offerts à Notre-Dame, dont le format grandit avec le temps jusqu'à atteindre près de quatre mètres sur trois. Dispersés dans divers musées à la Révolution, les Mays et autres tableaux sont en partie retournés à la cathédrale à partir de 1947 grâce à Pierre-Marie Auzas, inspecteur des Monuments historiques.

Mays de Notre-Dame de Paris
© Stéphane Compoint pour Le Pèlerin

La Conversation de saint Paul, 1637, de Laurent de La Hyre. L'étude préparatoire de ce May (photo ci-dessous) révèle l'absence de la figure du Christ dans le ciel. Un ajout peut-être à la demande des commanditaires ou du chapitre pour faciliter la compréhension de la scène.

Mays de Notre-Dame de Paris
© Stéphane Compoint pour Le Pèlerin

La Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d'Île-de-France a pris en charge la restauration de ces treize Mays et vingt-deux tableaux de plus petit format évacués juste après l'incendie. «Il a fallu 20 000 heures de travail sur deux ans pour les quatre équipes de restaurateurs et leurs apprentis car nous avons tenu à ce qu'il y ait une dimension de transmission des savoir-faire», explique Marie-Hélène Didier, conservatrice des Monuments historiques à la Drac. Grâce à des films et des panneaux, l'exposition présente ce méticuleux labeur en regard avec les œuvres.

A l'étage, le Mobilier national présente la série de tapisserie de La vie de la Vierge, vendue par les chanoines de Paris à ceux de Strasbourg en 1739 et prêtée exceptionnellement pour l'occasion, ainsi qu'une moitié de l'immense tapis de chœur offert par le roi Louis-Philippe à la cathédrale en 1841.

Enfin, le parcours présente aussi les maquettes du futur mobilier liturgique dessiné par le designer Guillaume Bardet et quelques exemplaires des chaises imaginées par sa consœur, Ionna Vautrin. Nul doute que le décor de Notre-Dame continue de mobiliser les artistes.

Mays de Notre-Dame de Paris
© Stéphane Compoint pour Le Pèlerin

La Naissance de la Vierge, vers 1642, de Louis et Mathieu Le Nain. Durant sa restauration, les anciens vernis jaunis par le temps ont été retirés, permettant de révéler la luminosité et les couleurs du tableau. Le blanc retrouve son éclat que l'on ne soupçonnait plus.

Informations pratiques sur l'exposition présentant les Mays

Grands décors restaurés de Notre-Dame de Paris
Jusqu'au 21 juillet 2024
Rens.: 01.44.08.53.49

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